Il y a quinze ans, posséder un BlackBerry était un symbole de réussite professionnelle. Ce téléphone au clavier physique complet dominait alors le marché des smartphones d’entreprise, avec une part de marché atteignant 50% aux États-Unis en 2009. Pourtant, l’entreprise a définitivement cessé le support de ses appareils en 2022. Comment expliquer une chute aussi vertigineuse ?
L’arrivée de l’iPhone : un tournant manqué
L’erreur stratégique majeure de BlackBerry a été de sous-estimer la révolution tactile initiée par l’iPhone en 2007. Alors qu’Apple proposait un écran tactile intuitif et un écosystème d’applications, BlackBerry est resté fidèle à son clavier physique et à ses fonctionnalités professionnelles traditionnelles.
Les dirigeants de Research In Motion (RIM), la société mère de BlackBerry, considéraient l’iPhone comme un gadget destiné aux consommateurs, pas aux professionnels. Cette vision s’avéra catastrophique sur le long terme.
Un catalogue d’applications trop limité
L’App Store et le Google Play Store ont transformé les smartphones en donnant accès à de nombreuses applications. BlackBerry tenta de réagir avec son BlackBerry App World, mais il était trop tard. Les développeurs avaient déjà choisi de privilégier iOS et Android, où se trouvaient les utilisateurs et les revenus.
Le catalogue d’applications BlackBerry resta désespérément limité, rebutant les consommateurs qui voulaient accéder aux réseaux sociaux, aux jeux et aux applications populaires.
Une innovation trop lente
BlackBerry a également souffert d’une culture d’entreprise rigide qui ralentissait l’innovation. Pendant que Samsung et Apple sortaient plusieurs modèles par an, BlackBerry peinait à renouveler son offre.
Lancé en 2013 pour concurrencer iOS et Android, le BlackBerry 10 arriva avec six ans de retard sur le marché. Malgré des fonctionnalités intéressantes, il ne parvint jamais à reconquérir les utilisateurs partis chez la concurrence.
La perte du marché professionnel
Ironie du sort, BlackBerry perdit même son bastion traditionnel : le monde de l’entreprise. Les solutions de gestion mobile d’Apple et de Google, combinées aux applications professionnelles comme Microsoft Office, ont peu à peu convaincu les départements informatiques d’abandonner BlackBerry.
Certains employés en possession d’iPhones pressèrent même leurs entreprises d’autoriser le BYOD (Bring Your Own Device).
Conclusion
La disparition du BlackBerry illustre parfaitement comment un leader de marché peut s’effondrer en refusant de s’adapter.
L’entreprise survit aujourd’hui en se concentrant sur les logiciels de sécurité et les activités de services, mais ses smartphones iconiques appartiennent désormais à l’histoire. Une leçon précieuse sur l’importance de l’innovation continue dans le secteur high-tech.




